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8 décembre 2009 Iran : un entretien exclusif avec l'un...

Sondage : les Français, citoyens écolo-motivés

Une enquête exclusive sur l'opinion publique internationale et le climat En France, les sondés se montrent particulièrement sensibles à l'écologie

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Tandis que s'ouvrait à Copenhague, lundi 7 décembre, un sommet décisif pour la lutte contre le réchauffement climatique, Le Monde a voulu savoir si l'opinion était sensible à l'état de la planète et aux appels réitérés à la sauver, en France, en Europe (Italie, Pologne), mais aussi sur d'autres continents (Japon, Etats-Unis).

Résultat de l'enquête IFOP : les Français se montrent parmi les mieux informés et les plus concernés. Dans tous les pays, les citoyens se déclarent prêts (de 88 % en France à 80 % aux Etats-Unis) à modifier leur mode de vie, et l'écologie pèse de plus en plus dans leurs choix électoraux (notamment en France et au Japon).

Si les Italiens s'inquiètent surtout de l'élévation du niveau des mers, Français et Polonais redoutent les phénomènes météorologiques extrêmes. Mais, partout, les sondés pensent que le sommet de Copenhague n'aboutira qu'à un " accord de façade ". Seront-ils démentis le 18 décembre, à l'issue des négociations ?

 
 
Copenhague : un sommet pour changer notre monde L'éditorial commun inédit de cinquante-six journaux de quarante-cinq pays

A Copenhague, faisons triompher l'optimisme

Cinquante-six journaux lancent un appel commun aux chefs d'Etat de la planète
 

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Editorial

Aujourd'hui, cinquante-six journaux de quarante-cinq pays ont pris l'initiative sans précédent de parler d'une seule voix en publiant un éditorial commun. Nous le faisons car l'humanité est confrontée à une urgence aiguë. Si le monde ne s'unit pas pour prendre des mesures décisives, le changement climatique ravagera notre planète, et, avec elle, notre prospérité et notre sécurité. Les dangers sont apparus depuis une génération.

Aujourd'hui, les faits parlent d'eux-mêmes : onze des quatorze dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées ; la calotte glaciaire du Groenland est en train de fondre, et la flambée des prix du pétrole et de la nourriture intervenue l'an dernier a donné un avant-goût des bouleversements à venir. Dans les revues scientifiques, la question n'est plus de savoir si c'est l'activité humaine qui est responsable de ces phénomènes, mais de calculer le peu de temps qu'il nous reste pour en limiter les dégâts. Et pourtant, jusqu'à présent, la réaction mondiale a été marquée par la faiblesse et le manque de conviction.

Le changement climatique est enclenché depuis plusieurs siècles, il aura des conséquences à jamais irréversibles, et c'est au cours des quatorze prochains jours que se détermineront nos chances de le maîtriser.

Nous demandons aux représentants des cent quatre-vingt-douze pays réunis à Copenhague de ne pas hésiter, de ne pas sombrer dans les querelles, de ne pas se rejeter mutuellement la faute, mais de saisir l'opportunité de réagir face à ce qui est aujourd'hui le plus grand échec politique contemporain. Cela ne doit pas être un combat entre le monde riche et le monde pauvre, ni entre l'Est et l'Ouest. Le changement climatique nous affecte tous, et c'est ensemble que nous devons nous y attaquer.

La science est complexe, mais les faits sont clairs. Le monde doit prendre les mesures pour limiter la hausse des températures à 2 °C, un objectif qui exigera que les émissions mondiales cessent d'augmenter et commencent à diminuer au cours des cinq à dix prochaines années. Une hausse de 3 à 4 °C - soit la plus faible augmentation à laquelle il faut s'attendre si nous ne faisons rien - dessécherait les continents, transformant les terres fertiles en déserts. La moitié des espèces vivantes pourrait disparaître, des millions de gens seraient déplacés, des pays entiers engloutis par la mer.

La controverse qui a suivi le piratage du courrier électronique de climatologues - visant à faire apparaître leur volonté de supprimer des données " dérangeantes " sur la réalité du réchauffement - a obscurci le débat. Sans pour autant remettre en cause la masse des preuves sur lesquelles se fondent les prévisions des scientifiques.

Rares sont ceux qui pensent que Copenhague peut désormais déboucher sur un traité parfaitement abouti ; la possibilité d'y parvenir n'a pu s'ouvrir que grâce à l'arrivée du président Obama à la Maison Blanche et au renversement de la politique obstructionniste poursuivie durant des années par les Etats-Unis. Aujourd'hui encore, le monde est à la merci de la politique intérieure américaine, car Barack Obama ne peut mettre pleinement en oeuvre les mesures nécessaires tant que le Congrès américain ne les a pas approuvées.

Mais les hommes politiques réunis à Copenhague peuvent et doivent s'accorder sur les éléments essentiels d'un accord équitable et efficace et, surtout, sur un calendrier ferme permettant de transformer cet accord en traité. L'échéance qu'ils devraient se fixer pour le faire devrait être le sommet de l'ONU sur le climat prévu en juin prochain à Bonn. Comme l'a dit un des négociateurs : " Nous pouvons jouer les prolongations, mais nous ne pouvons pas nous permettre de rejouer le match. "

Le coeur du traité devrait consister en un accord entre le monde riche et le monde en développement, définissant la manière dont sera réparti le fardeau visant à lutter contre le changement climatique - et la façon dont nous nous partagerons une nouvelle et précieuse ressource : le millier de milliards de tonnes de carbone que nous pourrons encore émettre avant que le mercure n'atteigne des niveaux alarmants.

Les pays riches aiment à rappeler la vérité arithmétique selon laquelle il ne peut y avoir de solution tant que les géants en développement tels que la Chine n'adopteront pas des mesures plus radicales que celles qu'ils ont prises jusqu'à présent. Mais le monde riche est responsable de la majeure partie du carbone accumulé dans l'atmosphère - soit les trois quarts du dioxyde de carbone émis depuis 1850. Il doit donc donner l'exemple, et chaque pays développé doit s'engager à prendre des mesures énergiques susceptibles de faire baisser dans les dix ans à venir ses émissions à un niveau nettement inférieur à celui qu'il était en 1990.

Les pays en développement peuvent arguer du fait qu'ils ne sont pas responsables de l'essentiel du problème, et aussi du fait que les régions les plus pauvres du monde seront les plus durement touchées. Mais ces pays vont de plus en plus contribuer au réchauffement et, à ce titre, ils doivent s'engager eux aussi à prendre des mesures significatives et quantifiables. Même si son annonce n'a pas répondu à tous les espoirs, le fait que les deux plus gros pollueurs mondiaux, la Chine et les Etats-Unis, se soient fixé des objectifs en termes d'émissions constitue un pas important dans la bonne direction.

La justice sociale exige que le monde industrialisé mette généreusement la main à la poche et fournisse des moyens financiers capables d'aider les pays les plus pauvres à s'adapter au changement climatique, ainsi que des technologies propres leur permettant de croître économiquement sans pour autant augmenter leurs émissions.

L'architecture d'un futur traité doit être par ailleurs précisément définie - avec un rigoureux contrôle multilatéral, de justes récompenses pour la protection des forêts et une évaluation crédible des " émissions exportées " afin que le fardeau final soit plus équitablement réparti entre ceux qui fabriquent des produits polluants et ceux qui les consomment. Et l'équité exige que le fardeau alloué à chacun des pays développés prenne en compte sa capacité à s'en charger ; par exemple, les membres les plus récents de l'Union européenne, souvent beaucoup plus pauvres que les pays de la " vieille Europe ", ne doivent pas pâtir plus que leurs partenaires mieux lotis.

La transformation sera onéreuse, mais son coût sera largement inférieur à celui du récent sauvetage de la finance mondiale - et infiniment moindre que le prix que nous aurions à payer en cas d'inaction.

Beaucoup d'entre nous, notamment dans les pays développés, devront modifier leur façon de vivre. L'époque des billets d'avion qui coûtent moins cher que la course en taxi pour se rendre à l'aéroport touche à son terme. Nous allons devoir acheter, manger et voyager de façon plus intelligente. Nous devrons payer notre énergie plus cher, et en consommer moins.

Pourtant cette réorientation vers une société moins émettrice de carbone offrira probablement plus d'opportunités qu'elle n'imposera de sacrifices. Certains pays ont d'ores et déjà constaté que se lancer dans cette transformation peut générer de la croissance, des emplois et une meilleure qualité de vie. Le flux des capitaux est à cet égard éloquent : l'année dernière, pour la première fois, on a plus investi dans les formes d'énergie renouvelables que dans la production d'électricité à partir de combustibles fossiles.

Se défaire de notre accoutumance au carbone au cours des deux ou trois prochaines décennies exigera des prouesses d'ingénierie et d'innovation inégalées dans l'histoire humaine. Mais alors qu'envoyer un homme sur la Lune ou provoquer la fission de l'atome ont été des exploits dus au conflit et à la compétition, la course au carbone qui s'annonce doit être guidée par une vaste collaboration visant à notre sauvetage collectif.

Maîtriser le changement climatique suppose le triomphe de l'optimisme sur le pessimisme, de la vision sur l'aveuglément, ce qu'Abraham Lincoln appelait " les meilleurs anges de notre nature ".

C'est dans cet esprit que cinquante-six journaux du monde entier se sont rassemblés autour de cet éditorial. Si nous sommes capables, malgré nos divergences de vue tant nationales que politiques, de nous accorder sur ce qui doit être fait, alors nos dirigeants doivent aussi pouvoir le faire.

Les politiciens réunis à Copenhague tiennent entre leurs mains le jugement de l'histoire sur la génération actuelle : une génération qui a été confrontée à un défi et qui l'a relevé, ou une génération qui a été assez stupide pour voir fondre sur elle les calamités mais n'a rien fait pour les éviter. Nous implorons les participants de faire le bon choix.

Journaux signataires de la pétition

Copenhague : deux semaines décisives pour le climat

Jamais les nations ne se sont autant engagées sur le thème. Mais un accord n'est pas garanti

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Quelque 15 000 participants, dont les délégués de 192 pays, sont attendus, du 7 au 18 décembre, à Copenhague, pour définir un nouvel accord organisant la lutte contre le réchauffement climatique. A la veille de ce sommet historique, Yvo de Boer, le secrétaire de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui en est l'organisatrice, a exprimé son optimisme.

" Jamais en dix-sept ans de négociations climatiques - depuis Rio en 1992 - un tel nombre de nations n'avaient pris de tels engagements communs ", a-t-il souligné. Il évoque les promesses de réductions ou d'infléchissement des émissions de gaz à effet de serre annoncées ces derniers jours. Pour limiter à 2 °C la hausse des températures par rapport à l'ère préindustrielle, les pays industrialisés devraient réduire leurs émissions dès 2020 de 25 % à 40 % par rapport à 1990, estime le groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat. Le compte n'y est pas.

La Norvège est pour l'heure le mieux disant, avec 40 % de réduction annoncées pour 2020 par rapport à 1990. L'Union européenne oscillera entre - 20 % et - 30 %, en fonction des engagements des autres pays développés à l'issue du sommet. Le Japon vise - 25 %. Alors que les plus grands pays émergents, Brésil, Inde et Chine, ont indiqué qu'ils réduiraient l'intensité carbone de leur économie, les Etats-Unis, avec 4 % seulement de réduction, font encore figure de mauvais élève.

L'annonce de la venue de Barak Obama pour la clôture du sommet, et non le 9 décembre, comme initialement prévu, pourrait changer la donne. La présence du président américain au moment crucial de la conférence, induira-t-elle une dynamique particulière ?

Multiples inconnues

Ce n'est là qu'une des multiples inconnues d'une réunion où les obstacles à un accord significatif seront légion. Faut-il prolonger le protocole de Kyoto (1997) ? Les Etats-Unis, qui l'avaient signé sans le ratifier, n'y sont pas favorables. Mais les pays en développement y restent très attachés car il est pour eux la seule garantie que les pays développés prennent des engagements contraignants.

Les pays les plus menacés par le réchauffement sont souvent les plus pauvres. Ils sont aussi les moins polluants. Le CCNUCC a calculé que pour s'adapter au changement climatique, ces nations devraient bénéficier chaque année de 66 milliards d'euros, d'ici 2030. Si de telles sommes paraissent difficiles à lever à Copenhague, Yvo de Boer insiste pour que dès 2010, 6 milliards d'euros soient dégagés pour aider les pays en développement à s'adapter et à opter pour des énergies peu émettrices de CO2. Le sauvetage des forêts tropicales, " puits de carbone " fondamental, sera aussi au centre des débats.

Les politiques ont jusqu'au 18 décembre pour tenter de trouver un accord qui ne soit pas que de façade. Comme le montre le sondage international de l'IFOP pour Le Monde présenté ci-dessous, les attentes des citoyens sont fortes. Ils semblent prêts à se mobiliser sur la question climatique.

Hervé Morin

Les Français sont parmi les plus sensibilisés à la question du réchauffement

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LE SOMMET de Copenhague, ça vous dit quelque chose ? Les réponses recueillies par le sondage de l'IFOP - réalisé en exclusivité pour Le Monde, du 25 novembre au 3 décembre dans cinq pays (Etats-Unis, France, Italie, Japon, Pologne) - font sursauter : 67 % des Italiens, 63 % des Japonais, 61 % des Américains et 53 % des Polonais n'en ont pas entendu parler. Seuls les Français sont majoritairement (64 %) au courant. " Cette réactivité de nos concitoyens n'a rien d'étonnant, estime Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion et stratégies d'entreprise de l'IFOP. Ils ont d'abord connu le Grenelle de l'environnement, puis celui de la mer, sans oublier le bon score d'Europe écologie aux élections européennes, les débats sur la taxe carbone et enfin la mise en scène du sommet de Copenhague par Jean-Louis Borloo et Nicolas Sarkozy, qui font le tour du monde pour tenter de rallier les autres chefs d'Etat à la nécessité d'un accord sur le climat. " Bref, les Français seraient de loin les plus écolo-sensibilisés.

Les autres populations interrogées, après avoir été informées par les sondeurs de quoi il retourne, montrent leur intérêt pour l'avenir de la planète. Très majoritairement, Français (88 %), Polonais (87 %), Italiens (85 %), Japonais (81 %) et Américains (80 %) sont " prêts à modifier leur mode de vie et à limiter leur consommation " en faveur de l'environnement.

Rupture avec l'ère Bush

Les Américains sont en queue de peloton, mais " leur score est néanmoins en rupture avec la ligne qui était celle de George Bush, affirmant que le mode de vie de ses compatriotes était non négociable ", estime Jérôme Fourquet. Agir face à l'urgence écologique se traduit aussi, dans les cinq pays, par la volonté des citoyens de prendre en compte dans leur vote les intentions " vertes " des partis politiques. C'est très affirmé chez les Japonais (79 %) et les Français (78 %). " Au Japon, les élections législatives de 2009 ont conduit à l'éviction du parti conservateur au pouvoir depuis la seconde guerre mondiale. Et l'écologie a été évoquée au cours de la campagne ", précise Jérôme Fourquet. Viennent ensuite les Etats-Unis (69 %), la Pologne (64 %) et l'Italie (62 %), plus préoccupée par les campagnes anti-Berlusconi.

Les craintes exprimées face au réchauffement climatique sont diverses. La Pologne, le Japon et la France citent en premier " le renforcement des phénomènes météorologiques extrêmes " ; l'inquiétude des Italiens se cristallise autour " de la réduction de la glace et des neiges et de l'élévation du niveau de la mer ". 39 % des Américains, bercés des discours climato-sceptiques, estiment que le réchauffement n'aura aucune conséquence. Point intéressant, les Français sont les seuls à pointer le lien entre réchauffement et " renforcement des inégalités et développement des migrations internationales ". " Ils confirment leurs bonnes connaissances du sujet, estime Jérôme Fourquet, mais aussi leur sensibilité au thème des migrations, renforcée récemment par l'annonce du débat sur l'identité nationale. "

Enfin - et est-ce de mauvais augure ? -, l'ensemble des interrogés, quel que soit leur pays d'origine, attendent majoritairement un accord de façade à Copenhague. Réponse le 18 décembre.

Marie-Béatrice Baudet

 
 
Santé

Le nombre de médicaments contrefaits dans l'Union européenne est en augmentation

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La circulation de médicaments contrefaits dans l'Union européenne dépasse les pires craintes de la Commission, selon une déclaration du commissaire européen à l'industrie, Günter Verheugen, au quotidien allemand Die Welt du lundi 7 décembre. " La Commission européenne est extrêmement inquiète ", note M. Verheugen, ajoutant : " En seulement deux mois, l'Union européenne a saisi 34 millions de faux comprimés, lors de contrôles douaniers ciblés dans tous les pays membres. " Les médicaments contrefaits sont avant tout des antibiotiques, des traitements anticancéreux, des médicaments antimalaria et anticholestérol, des antalgiques et de faux Viagra. Nombre des saisies de 2008 venaient d'Inde, selon un rapport de l'Union européenne publié en juillet.

 

Gaz propre au Caire

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Dans le quartier des chiffonniers, au Caire, l'ONG Solar Cities propose des bio-réacteurs afin de produire du gaz à partir de la décomposition des déchets organiques. Ces fermenteurs, encore onéreux, permettent de produire deux heures de méthane quotidiennement et de l'engrais.

 

Sécheresses au Brésil

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La température a déjà augmenté de 4 °C dans certaines zones du " sertao ", la région aride du Nordeste brésilien, selon une étude réalisée par le Laboratoire météorologique du Pernambouc. Le " sertao " est une région marquée par des sécheresses constantes.

 

http://unfccc.int/

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Le site officiel de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) permettra de suivre les débats du sommet de Copenhague et d'en connaître les enjeux. La partie francophone du site reste malheureusement succincte.

 
 
Environnement

Test d'abaissement de l'exposition aux radiofréquences des antennes-relais dans 16 villes

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Strasbourg a été choisie pour être l'une des 16 villes qui vont tester, dès janvier 2010, l'abaissement de l'exposition aux radiofréquences des antennes-relais, une expérimentation nationale mise en place suite au Grenelle des ondes du printemps. Strasbourg, ainsi que deux arrondissements parisiens, les villes de Brest et de Grenoble font partie des 16 villes sélectionnées parmi 238 communes ou communautés de communes candidates qui participent jusqu'à avril 2010 à ce test national associant les ministères de l'écologie et de la santé. Par ailleurs, Bouygues Télécom s'est déclaré prêt, dans Le Figaro, à s'engager à ne pas franchir le seuil de 6 volts par mètre dans les lieux de vie afin de remédier à une exposition trop forte aux radiofréquences. - (AFP.)

Trop petits pour se soucier du climat ?

Les " nouveaux " Etats de l'Union se mobilisent

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On insinue régulièrement que les " nouveaux " Etats membres de l'Union européenne ne se préoccupent pas assez de l'environnement et, en particulier, du changement climatique. L'idée serait que plus un pays est pauvre, moins il se soucie de l'environnement. Elle est selon moi erronée : car les petits pays sont plus dépendants de la qualité de l'environnement, puisqu'elle influe plus profondément sur leur économie.

Nos revenus ont beau être inférieurs à la moyenne de l'UE, nous ne sommes pas pour autant indifférents à la question du changement climatique, pas plus que nous ne voyons dans la lutte contre cette menace un fardeau supplémentaire. A l'inverse, l'Estonie adhère sans réserve aux objectifs ambitieux de l'UE en la matière. Mieux, nous sommes convaincus que la lutte contre le réchauffement pourrait même renfermer la solution à la crise économique actuelle.

Pour surmonter la récession, l'économie internationale a besoin d'un accord mondial sur le climat. La croissance économique à long terme est étroitement liée à la politique sur le climat. Les investisseurs sont actuellement rétifs, en raison de l'instabilité des marchés, et il faudra un accord à Copenhague pour encourager les projets prévoyants à long terme. Améliorer la fiabilité du marché des technologies vertes permettrait d'y attirer les financements et de promouvoir son développement.

Je suis convaincu que les nouvelles technologies vertes peuvent avoir des conséquences bénéfiques sur nos économies. La lutte contre le changement climatique est étroitement liée au développement d'énergies alternatives et à une meilleure utilisation de toutes les sources d'énergie.

Ce combat prêche aussi en faveur d'un usage des ressources locales plus respectueux de l'environnement, qui aide les pays à réduire une dépendance souvent trop forte aux énergies fossiles. Développer un réseau vert apportera un souffle nouveau à notre développement industriel tout en créant des emplois et des synergies dans d'autres secteurs.

Dans les décennies à venir, nous verrons l'offre énergétique diminuer et les gisements de pétrole et de gaz s'épuiser, mais nous devrons aussi nous adapter au changement climatique. Atteindre en temps et en heure les objectifs que s'est fixés l'UE à l'horizon 2020 sera bénéfique autant au climat qu'à l'industrie. L'Europe doit rester l'un des moteurs internationaux en la matière en prônant les mesures nécessaires et en exploitant de nouvelles technologies.

Toute instabilité ou incertitude à grande échelle est une menace importante pour les petits pays : ils sont certes capables de réagir plus vite aux changements, mais ces derniers auront pour eux de plus lourdes conséquences. Le G20 a reconnu collectivement la nécessité d'une réglementation financière accrue en raison de la menace imminente d'une nouvelle dégradation du contexte financier. La même logique a cours en matière de réglementation environnementale, car, là aussi, si l'actuelle indolence mondiale face aux causes et aux effets du changement climatique se prolonge et, avec elle, la détérioration du climat planétaire, c'est bien une catastrophe qui s'annonce.

La politique en matière de climat a par ailleurs des conséquences incontestables dans d'autres domaines, en particulier dans celui de la sécurité énergétique. Comme partout ailleurs, le secteur des énergies en Estonie a besoin d'investissements et de modernisation. En l'absence de cadre international clair, les décisions d'investissements restent incertaines, puisque les conditions à venir en termes de coût de production, de concurrence régionale et de vente et d'exploitation de l'électricité produite ne sont pas claires elles-mêmes.

Sans investissement, la capacité nationale de production électrique se révélera obsolète et non concurrentielle. Dans un monde parfait, sur des marchés parfaits, les manques de la production nationale pourraient être palliés par des importations. Cependant, les marchés tels que nous les connaissons sont très loin d'être parfaits, et rien ne garantit que cette substitution se fasse en des termes équitables et comparables. Sans production nationale, la maîtrise de l'offre, donc la maîtrise de la sécurité énergétique, est vouée à diminuer.

Les problèmes s'étendent par ailleurs aux industries émettrices de CO2, comme celle du ciment. En l'absence d'accord international, les producteurs risquent davantage de déplacer leurs activités dans des régions à la législation environnementale moins contraignante. C'est déjà le cas dans le Bassin méditerranéen, dont la côte sud reçoit des investissements dans de nouvelles installations. Je n'ai rien contre la liberté d'investissement. Cependant, elle risque en l'occurrence de se traduire par une augmentation des émissions polluantes mondiales et des dommages environnementaux. Les préférences des investisseurs pourraient changer si une réglementation luttant contre le changement climatique était partout uniformisée.

Nous ne surmonterons pas la récession mondiale en exploitant toujours plus d'énergies fossiles et en augmentant nos émissions de CO2. L'amélioration globale du niveau de vie, dans tous les pays, doit être envisagée dans un contexte de développement durable et écologique. Les gouvernements du monde entier doivent adopter une approche constructive, contribuer au débat sur le changement climatique et s'efforcer de trouver leur place dans ce puzzle planétaire. L'interdépendance et l'importance de leur participation ne doivent pas être sous-estimées par les petits Etats : les responsabilités, comme les bénéfices d'un accord international, ne reviennent pas uniquement aux grands pays. Un accord international autour d'un cadre commun est la condition sine qua non du développement à long terme, tant pour les grands pays que pour les petits.

©Traduit de l'anglais parJulie Marcot

Andrus Ansip

Premier ministre d'Estonie