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Ségolène Royal et la taxe carbone

Sur TF1 ce soir 1 septembre 2009, Ségolène Royal a pété les plombs. Je suis consterné par sa méconnaissance des sujets. Nos politiques ne savent que parler!

La taxe carbone a pour objet de faire baisser la consommation de pétrole car on juge que le pétrole contribue à l'effet de serre, donc à la hausse de la température de la planète. Les effets négatifs de la consommation de pétrole ne sont pas pris en compte dans son prix de vente aux consommateurs, ménages et entreprises. Il s'agit de prendre en compte un coût externe qui correspond aux dégâts environnementaux.

Il y a deux solutions pour tenir compte de ce coût;

La première est de maintenir le coût externe et faire payer une taxe par tous les consommateurs de pétrole - ménages et entreprises. La taxe doit couvrir le coût des dégâts occasionnés; dans le cas du changement climatique ce coût tel qu'estimé par la commission Roccard a conduit à fixer la taxe à 32€/t de CO2 à multiplier par trois d'ici 2030; vu la crise, Christine Lagarde s'est empressée de la réduire à 15€/tonne en laissant entrevoir sa multiplication par quatre.

La deuxième méthode est d'internaliser le coût donc la taxe chez les producteurs de pétrole à charge pour eux de le répercuter dans leurs prix aux ménages et aux entreprises. Cette solution est à mon avis préférable car elle conduit les producteurs à réduire la production correspondant à une demande réduite.

Quant à l'emploi de la recette de la taxe, il faut l'utiliser pour compenser les effets négatifs de la combustion du pétrole; mais comme ces effets sont planétaires, il faut l'orienter vers les économies d'énergie et les énergies renouvelables.

Si, comme Ségolène Royal a l'air de le dire, on fait payer la taxe par les producteurs sous entendu sur leurs marges - les 10 milliards de bénéfices de Total! - et qu'on n'augmente pas le prix du pétrole, alors tout l'intérêt de la taxe est perdu.

Comme toujours, l'introduction d'une idée nouvelle par cette taxe carbone, montre que quand on touche à un élément, de nombreux autres éléments sont affectés. Je retiens deux, la périurbanisation, les transports du travail et les bas salaires - mais il y en a bien d'autres.

On a tellement poussé à la périurbanisation, comme résultat de la hausse des prix immobiliers en ville, on a si peu développé des transports en commun pour accompagner le mouvement, que les ménages plus modestes sont pris au piège et vont devoir payer la taxe alors qu'ils peuvent difficilement réduire leur consommation de pétrole. Les conditions de salaires des plus modestes sont telles qu'une taxe supplémentaire est un salaire négatif. Il faut donc envisager pour eux un chèque ou un impôt négatif - un complément de salaire payé par l'État cad. tout le monde, les contribuables. Voilà donc un effet de la compression des salaires effectuée depuis 20 ans par le capital au profit de la rémunération du capital (la baisse de la valeur ajoutée affectée aux salaires). Pour internaliser ce coût, il faudrait que les patrons augmentent les salaires des plus pauvres, mais en repercutant cela sur leurs prix, pour que tout le monde paie.

Voir dossier Taxe Carbone


Mis en ligne le 01/09/2009 par Pierre Ratcliffe. Contact: Portail: http://pratclif.com